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Silos à grains et risque d’explosion

Le 14 avril, 19 personnes ont été blessées, dont sept grièvement, par l’explosion d’un silo à grains d’une usine de farine à Huesca (nord de l’Espagne). La prévention des accidents au sein des silos passe par la réduction des sources d’inflammation, l’élimination des poussières et la formation du personnel.

En France, le dernier accident en date remonte au 14 mai 2001 à Albert (Somme) dans un silo exploité par la société Ucalpi. A l’origine de l’accident : une mauvaise maintenance du site et une défaillance humaine dans la maîtrise du permis de feu (1). « Dans la majorité des cas, les accidents sont dus à un non-respect des consignes de sécurité et à un mauvais nettoyage du site », souligne Jacques Salé, directeur sécurité et environnement de la Fédération française des coopératives agricoles et de transformation (FFCAT).

Pour générer un incendie, il faut une source d’inflammation (flamme, chaleur…), un comburant (l’air) et des poussières. Si vous ajoutez un confinement (silo), des poussières en suspension et une concentration explosive en poussières, alors vous déclenchez une explosion. Ainsi, la prévention du risque d’explosion dans les silos de stockage des céréales dépend de trois paramètres : la lutte contre l’empoussièrement (captage par des dispositifs d’aspiration centralisée, nettoyage fréquent des silos et des locaux annexes…), la suppression des sources de chaleur (interdiction de fumer, instauration de permis de feu…) et la mise en œuvre de mesures organisationnelles. Dans ce cadre, les procédures et consignes de travail doivent faire l’objet de documents (plans d’évacuation et de prévention, suivi des entreprises extérieures, fiches de maintenance des outils…) élaborés à partir d’une étude de dangers préalable. Dans cette perspective, la FFCAT a adopté un document de référence, intitulé Sagess (système d’amélioration de la gestion de la sécurité dans les silos), sur le management des risques. Ce guide présente en détail les exigences organisationnelles (engagement de la direction, structure et responsabilité de l’organigramme, formation, maîtrise d’exploitation…) et techniques (réduction du risque d’explosion, d’auto-échauffement) à respecter. Pour Jacques Salé, « la formation est un élément clef du dispositif de sécurité. Mais il faut aussi vérifier que les consignes sont respectées. Or, dans nos coopératives, les responsables sécurité travaillent souvent sur 50 à 60 sites en même temps, ce qui ne facilite pas la tâche. »

On compte actuellement en France quelque 1.000 silos soumis à autorisation et 6.000 soumis à déclaration. Les silos les plus dangereux sont les silos portuaires ou fluviaux : ce sont eux qui présentent les taux de rotation les plus importants et donc les risques d’explosion les plus élevés. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si les deux accidents les plus graves en France (Blaye en 1997 et Metz en 1982) ont eu lieu dans ce type de silos. Aujourd’hui, les risques concernent essentiellement les salariés travaillant dans les exploitations, les risques pour la population riveraine sont plus limités. Toutefois, certains vieux silos, datant de l’après-guerre, se situent désormais dans des zones fortement urbanisées et présentent ainsi de vrais risques de déflagration pour les habitations avoisinantes.

Source : Journal de l’environnement


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